Patagonie...


Ce nom fait rêver. On avait du coup une grande envie de découvrir ce qui se cachait réellement derrière. Et à dire vrai, on a changé de pays. Au pluriel, car la Patagonie, c’est plusieurs pays différents.


On a d’abord pris un avion pour rejoindre El Calafate, ville de base des excursions vers le glacier géant du Perito Moreno. C’est le point le plus au sud que nous atteindrons en Argentine, et lors de notre tour du monde.


Les paysages sont un mélange de broussailles et rocaille, balayés par le vent. C’est différent de ce qu’on a vu précédemment, sans l’être totalement. Ça a un côté immensité australienne, mais l’eau est beaucoup plus présente. Dans la ville par contre, on on pénètre dans une station touristique, avec des devantures de magasins de souvenirs en bois, des pick-up, des sapins. Une petite ville qu’on verrait bien dans le Montana, mais comme on n’y est jamais allé, la comparaison n’ira pas plus loin. Enfin, si, un cran quand-même : ici, on parle anglais. Il y a un tourisme international important. Beaucoup plus que dans le nord, nous a-t-il semblé.


Une fois le Perito Moreno découvert, admiré et longuement observé, on a repris notre route vers le nord, et la ville de El Chaltén. On est désormais plongés dans la montagne, et le parc national des glaciers. On a profité d’être là pour faire trois jours de randonnée et découvrir le parc.


Après ce bijou d’Argentine, on a encore continué vers le nord. On souhaitait aller directement à la Péninsule de Valdés, mais il n’y a pas de bus direct, et une des alternatives nous permettait de transiter par Bariloche, ville qu’on avait dans un premier temps supprimée de notre programme en pensant manquer de temps. On a donc choisi cette option. Comme quoi, la liberté et les opportunités du voyage ont du bon.


Bariloche, c’est la Suisse en Argentine. C’est la montagne, les forêts, les fleurs, les lacs, les chalets en bois, le fromage, ... C’est aussi, a-t-on lu dans le Routard, le refuge d’un certain nombre de nazis de la seconde guerre mondiale. L’Argentine est un pays somptueux, mais tire aussi quelques boulets du passé.


On a passé trois nuit dans cette ville en bord de lac, puis on a rejoint la côte atlantique et la Péninsule de Valdés, où on a loué une voiture pour partir à la découverte des manchots de Magellan, des lions de mer et des éléphantes de mer.


Un programme varié, passionnant, chargé.


Quelques précisions pour mieux cerner notre périple patagonien :


  • Les distances sont énormes. Pour aller de El Chaltén à Bariloche, il y à 1400 km, qu’on a parcouru en 24H30. Pour aller de Bariloche à Trelew (Péninsule de Valdés), on a mis 14 heures pour 900 km. Et pour revenir à Buenos Aires depuis Trelew, c’est à nouveau un trajet de 21h30 et 1400 km qu’on a dû se coltiner.
  • Le coût de la vie est beaucoup plus élevé que dans le reste du pays. Ainsi, notre tout premier trajet de bus au nord de l’Argentine nous avait coûté 5€ pour 160 km, soit 32 km par euro. Pour parcourir les 1400 km d’El Chaltén à Bariloche, cela nous a coûté 91 € p.p., soit 15,38 km par euro. Idem pour le logement, où on a dû se rabattre vers les dortoirs pour rester dans notre budget.
  • On n’avait pas anticipé le changement de paysage, et on a vraiment été...dépaysés. Ailleurs dans le pays, même si c’était super varié entre la Quebrada d’Humahuaca, les chûtes d’Iguazu, la ville et les alentours de Córdoba, ça ressemblait plutôt à l’idée qu’on s’était faite du pays. Mais l’immensité de la Patagonie, les glaciers, la montagne verte, l’océan atlantique, les manchots... on ne s’est plus sentis en Amérique du Sud, mais on a été replongé en Australie, dans les Alpes, dans Blue Planet, au paradis, ou sur le lune, selon les endroits. C’est pour vous dire la variété de ce qu’on a découvert.
  • Le rythme a été très soutenu, vu les distances, les envies de découvrir au maximum, et le temps qui nous était compté… Du coup, on en ressort avec des sentiments partagés. Du bonheur d’avoir pu découvrir de nombreux points du pays, et donc sa diversité. De l’éblouissement devant certains sites extraordinaires et incontournables. Mais aussi de la frustration de ne pas avoir pu mieux s’approprier certains endroits, mieux les cerner, les intégrer. De la fatigue car l’organisationnel a pris une part importante sur ces deux semaines. Et enfin un sentiment de déraison financière d’avoir enchaîné de la sorte, pour seulement quelques jours par endroits, de si longues distances. On a joué à l’Américain qui vient faire un tour d’Europe en 15 jours, et qui enchaîne Londres, Paris, Barcelone, Venise, et Londres de nouveau…


Même si chaque étape patagonienne valait son coûteux détour, d’abord pour se rendre compte de la variété des paysages, ensuite pour les expériences qu’on y a vécues souvent « pour la première fois », on peut pointer plus spécifiquement dans nos coups de cœur :


  • Observer longuement la masse bleutée du glacier Perito Moreno, et espérer voir des pans entiers se détacher et s’effondrer dans les eaux laiteuses du lac Argentino dans lequel le glacier termine sa course. On n’avait jamais vu de glaciers en été auparavant. Celui-ci est particulièrement énorme, particulièrement vivant, particulièrement beau. Il est large, haut (70 m à son arrivée), à basse altitude (187 m), entouré de petites montagnes, ce qui le rend incongru dans le paysage. Il avance de deux mètres par jour. Il craque, ruisselle, et lâche donc de temps en temps d’énormes pièces. C’est spectaculaire, mais il ne faut pas louper le moment. On en a vu deux tomber avec fracas dans l’eau, générant une belle vague qui chasse au loin tous les minis icebergs qui flottent à la surface. Impressionnant.
  • Découvrir la Laguna de Los Tres, au pied du Mont Fitz Roy. Certainement la plus belle surprise de ce périple en Patagonie. Pour le Perito Moreno, on savait à quoi s’attendre, on avait vu des photos sur Google, et on nous en avait beaucoup parlé. Mais on n’avait pas trop anticipé la beauté des autres paysages du Parque Nacional Los Glaciares. Les photos parleront mieux que les mots, mais pour contextualiser, on était à 1200 m d’altitude, dans un décor de pierraille quelque peu lunaire, avec en face de nous une lagune d’un turquoise épatant entourée à moitié de neiges éternelles, et en fond les parois a-pics du Fitz Roy, culminant à 3405 m. En contournant en partie cette Laguna de Los Tres, on parvenait à une grande chute d’eau, et une autre somptueuse vue sur une autre lagune, trois fois plus grande, aux eaux d’un bleu profond cette fois, avec en fond un autre glacier tout déchiré. Un glacier, deux plans d’eau à une différence d’altitude de 300 m, une cascade, du vent, et en penchant la tête, le Fitz Roy et ses acolytes. Vraiment magique.
  • Randonner. Tout simplement. Camper deux jours, marcher sac au dos, bâtons en mains, et se sentir libres comme l’air. Il a fait beau, moche, venteux, froid, chaud, mais on a eu tellement bon. Outre le paysage décrit ci-dessus, on en a vu d’autres très jolis – notamment la Laguna Torre est le glacier Grande – et les chemins étaient vraiment sympas. De loin les plus agréables qu’on ait parcourus, car variés, bucoliques, bien entretenus, très accessibles, ... Pour couronner ce moment de bonheur, on a reçu une invitation à souper, d’un couple rencontré à la Laguna de Los Tres, et avec lequel on a marché une heure. Ce n’est pas commun en voyage, mais alors encore moins en randonnée, quand on doit porter soi-même ses denrées. Luka et Jan-Philip ont vraiment fait preuve de générosité. Puis leur curry végétarien était vraiment délicieux.
  • Aller déguster une cerveza Patagonia, à la brasserie, sur les hauteur de Bariloche. Une pause bien méritée après une belle balade en vélo au milieu des montagnes, des lacs, et des fleurs d’une jaune vif fantastique. La brasserie est moderne, branchée, avec vue somptueuse. Un réel bon moment, après lequel il a fallu pédaler à toute vitesse pour ramener les vélos à l’heure.
  • Manger dans de très bonnes adresses à Bariloche. Fondue au fromage local, et le meilleur hamburger de nos vies !
  • Se retrouver au milieu d’une colonie de manchots de Magellan, à Punta Tombo. Ces animaux, peu craintifs, sont étonnants. Les œufs ont éclos il y a peu, et les nids (genre de terriers) sont occupés par papa, maman, et les petits. L’occasion pour nous d’en voir de près pour la première fois, et d’observer leur comportement : les cris, les combats de bec, les câlins, la démarche, et la nage rapide. Sous le soleil, quel moment insolite.


Fun facts et autres aventures :


  • A Puerto Madryn, ville de base pour visiter la Peninsula Valdés, on a pris un AirBNB, chez une fille qui avait une chambre en trop chez elle. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas recouru à ce site, et on a un peu perdu de vue qu’il fallait s’arranger plus concrètement, et qu’il n’y avait pas une réception 24h/24. Du coup, quand on s’est pointé devant, on a évidemment trouvé porte close. La fille avait essayé de nous contacter mais comme on a quelques problèmes d’Internet, on n’a pas vu le message. On a réussi a arranger ça, mais elle a dû nous prendre pour des boulets. Si ça s’était arrêté là, ça n’aurait pas été très grave. Mais quand on lui a téléphoné le lendemain matin en partant en excursion pour lui dire que son méchant chat était sorti (et un vrai méchant, qui mort et griffe sans raison!), et qu’on n’avait pas su le ramener à l’intérieur en raison de son sale caractère, on s’est dit qu’elle était probablement déjà tombée sur de meilleurs occupants. Cela, sans mentionner notre retour d’excursion, où Benoit a perdu les clé de la maison… Après 1/2 heure de recherches, et un message confondu en excuses précomposé dans sa tête, il a fini par les retrouver bien cachées derrière un des sièges de la voiture, et il n’a pas eu a envoyer le message. On n’est pas passé loin du trophée du meilleur con.
  • À Punta Tombo, là où on a observé les manchot de Magellan, on en a vu se battre à coup de bec. Genre pour montrer qui c’est le plus fort. Et on a eu la chance de voir le plus faible se faire la malle, se casser la gueule dans un nid, puis sur une branche encore. Hilarant.
  • On y a aussi entendu les cris, difficilement descriptible par écrit. Mais Benoit s’est entraîné à le reproduire pour notre retour, ce qui a foutu la honte à Fanny.
  • Une fois notre tour de plage terminé, on est allés un morceau à la cafétéria du site. Lorsque, après 40 minutes (seuls dans cet endroit) à siroter nos boissons, on a commencé à regarder avec un peu plus d’insistance vers la cuisine. Et la serveuse nous a apporté l’addition ... « Et nos plats ? » « Vos plats ? » « Oui, nos plats... ». Qu’est-ce que ça doit être quand ils ont deux tables !
  • On a toujours du plaisir à lire les commentaires laissés sur ce blog. Phil vient de battre le record avec 68 nouveaux commentaires à son actif, en une seule fois !
  • À Bariloche, on est retombé sur Gaëtan, avec lequel on a visité le Sud Lipez et le Salar de Uyuni. L’Amérique est petite.
  • Nos appareils électroniques rendent tout doucement l’âme. D’abord le GSM de Benoit, puis l’appareil photo qui fait un peu des siennes. Il est temps qu’on rentre, même si le timing n’est pas si mauvais. Du coup, sans téléphone, la lecture se fait plus intensive. Benoit a ainsi bouclé un livre de 600 pages en 30 heures, dont 24 de bus.
  • On vous disait qu’on avait vécu la Patagonie à un rythme élevé. Sur cette période, on a dormi 9 nuits dans un lit pour 5 … ben pas dans un lit (bus et sous tente).