Gros changement avec l’Argentine, qu’on parcourt depuis maintenant presqu’un mois. Si le changement de décor n’a pas été brutal, on s’est tout de suite très bien sentis dans les villages qu’on a traversés : Humahuaca, Uquia, et Purmamarca. On se trouve dans la Quebrada de Humahuaca, une vallée particulièrement colorée, et qui a réussi à nous ébahir malgré tout, alors qu’on quittait le Sud-Lipez et le Salar d’Uyuni. Outre les couleurs, la douceur de vivre de ces petites localités nous a vraiment séduits, avec leurs églises blanches, leurs places ombragées et leurs vendeurs de bibelots.


Très vite, on a remarqué que ces villages sont visités par des touristes argentins, et qu’on ne dénote plus tant que ça. De plus, bien qu’il reste quelques habitants d’origine indigène, beaucoup de locaux sont typés européens. C’était tout l’inverse dans les contrées reculées de Bolivie ou du Pérou. Ça nous change.


Après quelques jours à profiter de la Quebrada, on a quitté définitivement les Andes pour retrouver une ambiance citadine avec Salta. Pourtant bien notée dans les guides, on n’en n’est pas tombé amoureux. Certes il reste des traces architecturales du colonialisme, mais l’ensemble n’est pas particulièrement harmonieux. On y a passé toutefois deux jours à bien glander, à planifier quelque peu la suite, et à découvrir la cuisine locale.


Nos lectures (et les conseils de Gérald, l’oncle de Benoit) nous ont amenés à Cafayate, petite ville productrice de vin. A nouveau, une ambiance tranquille et touristique juste comme il faut. La place principale est grande, entourée de restaurants, magasins de souvenirs, et de vendeurs de vins. Mais le programme de découverte a dû être revu, Benoit tombant malade un jour (oui, c’est parti aussi vite que c’est arrivé).


Enfin, le moment tant attendu est arrivé. La seule étape qu’on était sûrs de faire en partant. Et même avant de partir… En fait, Benoit a toujours su qu’il la ferait un jour : on a rejoint Còrdoba, pour voir LA FAMILLE PIRARD. Enfin il faut dire les familles maintenant, car ils sont nombreux. On n’avait pas de programme, on voulait seulement profiter de l’aubaine et aviser par la suite.


Pendant une semaine, on a occupé une chambre chez Gérald (l’oncle de Benoit), et on s’est laissé balader par celui-ci à gauche à droite, pour notre plus grand plaisir. On a été reçus par chacune des cousines, qui ont adapté très gentiment leurs agendas pour nous permettre de les voir. On a fait quelques visites culturelles également, mais surtout on a profité d’un nid familial où on s’est bien senti pour lire (Gérald possède une très chouette collection de BD), résoudre des casses-têtes (idem), dormir, et planifier sérieusement l’ultime mois de ce voyage.


Le plan de base était de descendre ensuite en Patagonie, puis de remonter sur Buenos Aires, et de faire un aller-retour vers les chutes d’Igazu. Mais nos recherches nous ont poussés à opter pour le sens contraire. C’est un sérieux boulot que celui de déterminer quand prendre l’avion et quand prendre le bus. Les distances sont immenses, les bus relativement chers, mais on n’aime pas prendre l’avion. Ça pollue, c’est plus difficile de comparer les prix avec bagages, qui ne cessent de s’alourdir plus le temps passe (ce qui est très contraignant pour les mettre en soute d’avion, et beaucoup moins dans les bus). Au final, on volera entre Còrdoba et Iguazu, on roulera entre Iguazu et Buenos Aires, on volera à nouveau jusque El Calafate, et on reviendra à la capitale en bus, par étapes. Cela nous a semblé être un bon compromis. Mais les gens sensés ne se seraient probablement pas éparpillés autant pour visiter en 4 semaines un pays de la taille de la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Royaume Uni, la Suède, la Grèce, le Portugal, l’Islande et la Suisse réunis. Ils auraient jeté leur dévolu sur une région précise…


Une fois ce programme mis sur pied, on a donc enchaîné avec les chutes d’Iguazu, magnifiques, impressionnantes, démesurées, violentes, humides, splendides, massives, bruyantes, incroyables,…


Puis on a rejoint la capitale Buenos Aires juste en fin de G20 (ouf !), de laquelle on en a profité pour partir deux jours en excursion uruguayenne à Colonia del Sacramento, juste de l’autre côté du Rio de la Plata.



Qu’a-t-on particulièrement apprécié durant ce premier mois argentin, vous demandez-vous ?!


Nos coups de cœur sont nombreux. On se sent chanceux de pouvoir enchaîner les étapes et de trouver toujours autant de sources de contentement et d’émerveillement après 10 mois de voyage.


On a adoré revoir la famille. Surtout pour Benoit. Car pour Fanny, c’était une première rencontre. Gérald a vraiment été accommodant pour tout : nos horaires, nos envies, notre caractère. Il s’adaptait, nous proposait de super plans, et était aux petits soins. Les cousines de Benoit (Constance, Leticia et Magdalena) et leurs maris respectifs (Mariano, Santiago, et Agustin) nous ont reçus très gentiment, et se sont arrangés pour être là où on était, quand on y était. Du coup, on a pu voir tout le monde, à plusieurs reprises. L’occasion de mieux faire connaissance, et de découvrir la culture locale en immersion.


Lors de cette semaine, nous ont particulièrement marqués :


  • Le partage d’un maté avec Male. L’occasion de mieux comprendre à quel point cette pratique est ancrée dans la culture. Le maté, c’est une infusion de yerba, une plante indigène. A la différence du thé, on en remplit directement sa « tasse » d’une bonne quantité, et on complète avec de l’eau chaude, qu’on absorbe à l’aide d’une paille filtrante typique. Quand il n’y a plus d’eau, on remplit à nouveau et on passe au suivant. Refuser un maté est très impoli. Il est bu dans toutes les classes sociales, et dans toutes les générations. C’est très amer et Male nous a gentiment ajouté un peu de sucre.
  • L’asado du dimanche midi chez Coti et Mariano. L’asado, c’est un barbecue, mais bien fait. On fait le feu à côté, et on dose les braises sous la grille pour que la viande cuise régulièrement et tendrement. (Le secret, c’est qu’il faut pouvoir laisser sa main 10 secondes au niveau de la grille). Il faut de la bonne viande argentine, avec du gras, pour donner du goût. Mariano est le roi de l’asado. On n’a jamais mangé de la viande grillée aussi bonne. Les salades étaient parfaites aussi. Sans parler de l’ambiance de repas de famille, de la piscine, de la musique, ...
  • Découvrir une peña avec Leti et sa famille. La peña, c’est une soirée où l’on va voir des musiciens chanter du folklore. On y mange des empanadas, l’ambiance est conviviale. Avec un peu de chance, on peut même danser. Bon, cette peña n’était pas la plus traditionnelle d’Argentine, car plus axée vers les jeunes, avec des reprises pop/rock. Mais c’était quand même très sympa.
  • Aller écouter des chorales au répertoire varié. On ne savait pas très bien à quoi s’attendre, et ce fut une très bonne surprise. Puis aller manger une pizza avec Gérald et ses amis, pour rajeunir leur moyenne d’âge. On s’est même fait réinviter chez l’un d’entre eux pour un asado. Ce doit être pour nos bonnes bouilles, parce que notre espagnol…
  • Plein d’autres choses encore : des visites instructives (Còrdoba centre, une hacienda périphérique, les différents campus des universités où Gérald a travaillé, et où ses trois filles travaillent actuellement), des conversations passionnantes, une soirée en boîte avec Sebastian (un des fils de Coti), une balade dans la sierra, regarder Agustin nous faire une démonstration de son imprimante 3D, ...


Au-delà de cette semaine à Córdoba, on a aussi particulièrement aimé :


  • Profiter de l’auberge de Vincent à Humahuaca. On s’y est vraiment bien sentis, avec les deux patios, le bon petit-déjeuner (avec du pain fait maison), la bonne musique. Clou du séjour : la projection d’un film (Téhéran Tabou) dans le salon sur grand écran. Une séance de cinéma tombée du ciel. Et on ne peut que vous recommander ce film !
  • Déguster les spécialités locales : empanadas, pot-au-feu à base de quinoa, pizzas-crèpes calzone au jambon et au fromage, puis plus tard l’asado. Et quand on ne mangeait pas à l’extérieur, on a retrouvé le plaisir de cuisiner dans des auberges accueillantes. Sans compter le bon vin argentin !
  • Profiter de la vue dans les bus qui nous amenaient à nos destinations. Les paysages s’enchaînent magnifiquement. Que ce soit pour arriver à Humahuaca, à Cafayate, ou encore le triptyque Andes-alpages-forêt primitive en l’espace de 20 km, à hauteur de Tafi Del Vale.
  • Se promener au-dessus, en dessous, devant et derrière les chutes d’Iguazu. On a déjà donné plus haut tous les adjectifs qui nous passaient par la tête pour les décrire. Plus perdrait en pertinence… On a visité les deux côtés des chutes, c’est-à-dire le côté argentin et celui brésilien. De la ville de départ, Puerto Iguazu, on peut voir le Paraguay, de l’autre côté du Rio Paraña. Mais comme on n’a pas dormi au Brésil, et encore moins mis les pieds au Paraguay, on ne pourra pas les colorier sur notre carte du monde.
  • Passer une nuit à Colonia del Sacramento, en Uruguay. Cette fois, on pourra colorier le pays. Mais plus sérieusement, le charme de cette ancienne colonie portugaise, dont certaines rues n’ont pas bougé depuis 250 ans, nous a beaucoup plu. Un voyage dans le temps par rapport à Buenos Aires, à 50 kilomètres de là, juste de l’autre côté du Rio de la Plata. On ajoute que Buenos Aires est plutôt sympa, dans son genre de mégapole. Ça bouge bien, et l’architecture reste belle, quoique délabrée par endroits.


Fun facts et autres considérations :

  • Après une balade à quelques kilomètres de Humahuaca, ne sachant pas très bien la fréquence des bus, on décide de lever le pouce. Sans que cela découle d’une stratégie quelconque, Benoit s’installe à l’ombre, un peu en retrait, car le soleil tape dur. Fanny lève le pouce en bord de route. Lorsqu’un camionnette fait des appels de phares, mets ses quatre feux et ralentit en se dirigeant vers le bas coté, Benoit se lève. Ni une ni deux, la camionnette ré-accélère. Bon… on va attendre le bus.
  • A Cafayate, on va déguster des empanadas dans un petit resto. « Et pour boire ? » « Vous avez de l’eau ? » « Non » « Bon, ben un coca et un coca light, svp » « On n’a que des bouteilles d’un litre et demi » « bon, ben… rien ».
  • A Toro Toro, en Bolivie, on avait fait la connaissance de Marie. Deux semaines plus tard, on rencontrait Monika pour un tour organisé dans le Sud-Lipez. Quel ne fut donc pas notre étonnement de les voir débarquer ensemble à notre auberge de Humahuaca. Elles se sont rencontrées en Argentine et ont loué une voiture ensemble. On retombera sur elles, par hasard encore, une semaine plus tard, à Cafayate.
  • Le garage de Male n’est accessible qu’en ascenseur à voiture. C’est la première fois qu’on mettait les pieds (et les roues) dans un.
  • Lorsque Gérald est au téléphone avec ses filles, on l’entend de temps en temps parler de Chole. Ça veut dire quoi ça Gérald ? C’est le surnom de Santi. Nous voilà complètement intégrés.
  • Toutes les clés argentines sont pareilles, et donc différentes du reste du monde (sinon ça aurait peu d’intérêt de le souligner). Elles s’enfoncent horizontalement, avec deux proéminences de part et d’autre de l’axe cylindrique. Leur sens n’est pas du tout instinctif, et il faut faire un tour complet pour que ça ouvre ou ferme la porte.
  • Après avoir laissé Fanny rentrer directement à l’hôtel alors qu’il allait faire une course, Benoit la retrouve en train d’essayer d’allumer l’air conditionnée avec la télécommande de la télévision. « Ça fait longtemps que tu essayes ? » « Trois minutes, mais ça ne marche pas ».
  • Dans l’avion : « Fanny, on fait un 5 lettres ? » (Mastermind avec des lettres et non des couleurs). Après 10 minutes de jeu : « Oh mince, mon mot fait 6 lettres ».
  • On vous l’a dit, les Argentins sont friands de maté. Ils en boivent partout, en toutes circonstances : dans les parcs, en rue, au boulot, dans les files d’aéroport, en se baladant aux chutes d’Iguazu ... La devise nationale, c’est jamais sans mon maté.
  • On vous l’a dit, on est arrivés à Buenos Aires à la fin du G20 (après 18h30 de bus tout de même). Lorsqu’on entre dans la ville, on nous informe qu’on ne pourra pas nous déposer au terminal central des bus à cause de ce fameux rassemblement. Ok, ce n’est pas de leur faute. Sauf qu’on se retrouve à 20 km de là où on devait arriver, que la ville était plus vide que vide lorsqu’on a rejoint l’hôtel en taxi, qu’on a vu des cars circuler dans le centre… et qu’en allant s’y promener quelques heures plus tard (et en surfant sur internet), on a réalisé que le G20 était bel et bien fini depuis la veille !