Cela fait un peu plus de deux mois qu’on voyage en Amérique du Sud. Sur cette période, on a eu l’opportunité d’observer la vie locale, la culture, l’environnement, et d’intégrer quelques singularités propres à chaque pays, voire au « continent » (pour ce qu’on en a vu). L’occasion de les comparer à ce qu’on a découvert plus tôt dans l’année, ou encore à ce qu’on connaît en Europe.


Précisons d’abord qu’on a tous les deux un vrai coup de cœur pour l’Amérique du Sud. C’est un contraste entre de « l’occidental » mélangé à du « local », qui rend les choses à la fois exotiques mais confortables. Par opposition à l’Asie qu’on a vue, où le dépaysement était permanent, et à l’Océanie, à la culture très limitée et où notre expérience a été réduite à la vie de van, l’Amérique du Sud est l’équilibre entre ce qui nous manque depuis dix mois, et l’aventure qu’on recherche encore. C’est, en plus des paysages époustouflants, un continent qui fut colonisé, avec ses populations indigènes et immigrées, et tout ce que cela peut entraîner comme conséquences positives et négatives (avec toutefois, il faut le dire, un effet du temps assez marqué, contrairement à ce qu’on a découvert en Australie). C’est donc un continent où l’on a beaucoup plus vite trouvé nos repères, par-ci, tout en restant déboussolé, par-là.


Pour mieux illustrer ce mélange insolite de références, rien de tel que la nourriture :


  • En Asie, soit on mangeait local (riz ou nouilles, matin midi et soir), soit on dégotait un resto « occidental » avec à la carte quelques burgers et pizzas, en plus des plats locaux, et c’est tout. C’est un peu résumé, mais dans 90 % des cas, c’est la réalité. Et dans ces restaurants internationaux, jamais un local, que des touristes évidemment. Si manger typique ne nous dérangeait pas (bien au contraire, sauf en Inde quand c’était trop épicé), c’est la répétitivité qui était difficile (plus pour Benoit que pour Fanny). On n’est pas habitués à manger tous les jours asiatique, c’est comme ça. Du coup, on a essayé d’alterner entre buis-buis et restos à touristes, ce qui a soulagé nos estomacs, mais pas notre sentiment d’intégration à la culture locale.
  • En Océanie, notre expérience a été positive… parce qu’on a retrouvé le plaisir de cuisiner par nous-mêmes. Le nombre de restos qu’on a faits se compte sur les doigts d’une main, mais il n’y a pas à proprement parler de spécialité locale. Rappelons simplement, pour situer, qu’il s’agit principalement de cuisine anglaise, et que les locaux mangent encore, avec entrain, de l’agneau à la menthe… Les grosses villes regorgent cependant de restos de toutes les cuisines du monde, fréquentés évidemment par les citadins.
  • En Amérique du Sud, c’est beaucoup plus varié. Les féculents sont nombreux, entre les différentes sortes de patates, le riz, le millet, le quinoa, les frites, et même parfois les pâtes. Les plats sont mijotés, ou composés (viande-féculent-légume). Cela correspond davantage à ce qu’on mange chez nous, même si certains ingrédients de base varient. On trouve ainsi de la viande de lama et d’alpaga, et de nombreuses variétés de patates andines. Mais de manière générale, on se sent moins dépaysés lorsqu’on mange local, et on tient mieux sur la longueur, d’où un sentiment de meilleure intégration.


Un autre domaine où la comparaison peut se faire, c’est la vie de ville :


  • En Asie, beaucoup de villes sont remplies de touk-touks, de scooters, et ça klaxonne particulièrement beaucoup en Inde et au Cambodge, là où le code de la route est le plus aléatoire. Selon les pays, on trouve plus ou moins de détritus qui jonchent le sol. L’architecture mélange culture locale (parfois récente et kitsch) et immeubles fonctionnels (et donc pas très jolis).
  • En Océanie, ce sont les villes modernes, organisées autour d’un CBD (Central Business District) fait de gratte-ciels. Il y a toujours de beaux parcs, bien entretenus. C’est propre. Tout est organisé pour la voiture. Mais les transports publics se développent bien également. Les règles de circulation sont bien suivies.
  • En Amérique du Sud, beaucoup de villes sont organisées autour du même modèle. Une place centrale, verte, entourée de bâtiments coloniaux ou de ce qu’il en reste. La propreté, en moyenne, est supérieure à celle de l’Asie. La conduite est aussi plus tranquille, bien qu’on soit loin des standards européens. Il y a moins de deux-roues, et presque jamais de touk-touks. Ces éléments font qu’il y a davantage de villes d’Amérique du Sud dans lesquelles ont s’est sentis plus à l’aise qu’en Asie. Et la conservation de certaines villes historiques nous rapproche de ce qu’on peut visiter parfois en Europe. On parle évidemment en général, et il existe des exceptions. De plus, notre expérience, malgré un voyage d’un an, reste très limitée dans l’espace.


Passons maintenant aux singularités qu’on a notées, par-ci par-là :


  • Sur le plan culturel, l’Argentine est a distinguer du Pérou et de la Bolivie. Les « Indiens » représentent moins de 3 % de la population argentine, là où ils dominent encore certaines régions des deux autres pays. Bien sûr, la culture espagnole s’est imprégnée partout. Mais l’Argentine fait clairement bande à part à ce niveau. Et le niveau de vie est bien plus élevé. (Ne nous demandez pas le lien entre ces deux réalités).
  • Il découle de ce qui précède qu’on se sent regardé différemment depuis qu’on a passé la frontière argentine. Au Pérou et en Bolivie, on avait l’étiquette de touriste sur le front, comme on l’avait en Asie. En Argentine, on se mélange mieux aux autres touristes. D’une part parce qu’il existe un tourisme local, qu’il n’y a pas vraiment au Pérou et en Bolivie. Et d’autre part parce qu’on ressemble (un peu) plus à un Argentin qu’à un Bolivien…
  • En raison du niveau de pauvreté, beaucoup de gens sont contraints d’exercer des « petits métiers », surtout au Pérou et en Bolivie. On trouve ainsi beaucoup de malheureux qui vendent sur les trottoirs l’un quelques bouteilles d’eau, l’autre des biscuits, un troisième des paquets de mouchoirs, et pour beaucoup d’autres des choses qui nous paraissent bien inutiles. En Argentine, on trouve davantage de petits artisans de produits divers.
  • Partout en Amérique du Sud, on a vu les femmes allaiter leurs bébés en public. Apparemment, on ne perd pas sa salive en débat inutile ici. Les femmes travaillent, avec un enfant sur les bras (voire plusieurs), et quand le bébé a faim, on lui donne à manger. Même si elles ne travaillent pas d’ailleurs. Qu’elles soient dans un parc, aux chutes d’Iguazu ou à la gare, si bébé à faim …
  • Les Boliviennes et les Péruviennes s’habillent de façon traditionnelle. Lisez les Indiennes. Elles s’arrangent dans un mélange étonnant de jupes, gilet ou pull en laine (de lama ou alpaga), un tissu coloré sur le dos pour transporter affaires ou bébé, et un chapeau (souvent melon). Dès qu’on quitte ces zones aux populations andines, on retrouve une mode occidentale. Le contraste est assez saisissant.
  • Le menu de base au Pérou et en Bolivie mélange quasi systématiquement deux féculents : riz et frites, pâtes et patates, etc,…
  • Les Sud-Américains sont assez friands de sodas. Il n’est pas rare de voir à la carte des restos des bouteilles allant jusqu’à 2 litres. Et d’en retrouver une sur une table de deux personnes.
  • Les Péruviens et les Boliviens chiquent énormément de feuilles de coca. C’est une pratique multicentenaire, qui permet notamment d’encaisser l’altitude. Les Argentins, eux, boivent du maté à tout va. C’est comme du thé, mais avec des feuilles de Yerba, et ça donne de l’énergie et augmente la concentration. C’est aussi très social. Les Argentins se retrouvent pour « boire le maté », et on en voit souvent se balader avec leur thermos d’eau chaude, quelle que soit l’âge ou la classe sociale.
  • L’espagnol parlé par les Péruviens et les Boliviens est plutôt compréhensible. Ils parlent assez lentement, avec un accent peu prononcé. Mais passé la frontière argentine, ça se complique. La vitesse augmente, et la prononciation change dramatiquement. Les Y deviennent J, les LL se transforment en CH. Bref, on est encore plus perdus qu’au nord.
  • Les empanadas sont répandus dans tout le continent. Mais il n’y a qu’en Argentine qu’ils nous ont goûté. Au Pérou et en Bolivie, la pâte était légèrement sucrée. On nous a dit qu’en Colombie, ils étaient fris.
  • On vous le disait, beaucoup de villes sud-américaines sont organisées autour d’une place centrale, verte, avec une ou plusieurs fontaines, de grands arbres, etc. Généralement, la cathédrale occupe un des côtés. Au Pérou, toutes ces places s’appellent « Plaza de Armas ». En Bolivie et en Argentine, elles portent le nom d’une date symbolique.


Tout ce qui précède ne vaut que pour ce qu’on a visité et est assez interprétatif. Mais on trouvait amusant de le souligner et de le partager. La conclusion de tout ceci est qu’on reviendra pour approfondir notre liste, et profiter à nouveau de ce merveilleux continent.