Vol DI7506, Buenos-Aires Londres.


Le dernier de cette année.


Celui qui nous ramène à la maison.


Hier, on flânait sur une brocante de San Telmo, profitant du soleil en short et t-shirt. Demain, on fêtera Noël avec nos familles, emmitouflés dans un bon pull en laine. Et maintenant ? Dans ce décor de nuages, on se sent un peu hors du temps. Comme dans une zone de transition. On a officiellement quitté l’Argentine (notre passeport en témoigne), mais on n’est pas encore sur le sol européen. Notre voyage se termine, mais notre vie liégeoise n’a pas encore tout à fait repris.


La tête dans les nuages, c’est l’occasion pour nos pensées de vagabonder.


Quel bilan de cette année aux mille couleurs, aux mille découvertes, rencontres et émotions fortes ? Que nous aura-t-elle appris ? Sur le monde qui nous entoure, sur le voyage, sur nous même, sur notre couple. Quelles auront été nos réflexions ? Sur notre vie d’avant, sur ce qu’on aimerait améliorer, sur les différentes cultures rencontrées et ce qu’on peut en tirer. Tant de questions dont les réponses nous apparaissent tantôt évidentes, tantôt complexes.


Il est certain qu’il y a des choses qui nous ont marquées. Les petites satisfactions de voyage…. Vous savez, ce genre de petites riens qui semblent si anodins mais qui peuvent vous mettre de tellement bonne humeur.


  • Réussir à faire faire son sac de manière plus optimale que la dernière fois, pour gagner un peu de place dont on a finalement pas besoin.
  • Négocier un tuk-tuk d’arrache pied et ainsi économiser l’équivalent de 0,20€ sur notre trajet.
  • Avoir les places tout à l’arrière du bus, parce qu’on se sent un peu plus dans notre petit cocon pour les 20 prochaines heures à venir.
  • Découvrir qu’il y a une cuisine dans notre hostel pour ne pas devoir aller au restaurant.
  • Arriver avant l’heure du check-in et apprendre que notre chambre est déjà prête.
  • Entendre le pilote annoncer que le vol durera 4h50 et non 5h comme indiqué sur le ticket.
  • Pour Fanny atterrir, tout court.
  • Choisir à l’aveuglette un plat à la carte et être récompensé de cette démarche audacieuse.
  • Réussir une visite, sans l’avoir trop préparée, et faire en sorte que tout s’agence comme sur des roulettes, alors qu’à peine deux heures avant, on n’avait même pas connaissance de ce qu’il y avait à faire sur place.


En parlant de choses anodines, il y avait aussi celles dont l’effet était tout autre :


  • Se voir attribuer une chambre à coté de la réception. On sait que ce sera bruyant.
  • Découvrir que le matériel de cuisine se résume à une casserole.
  • Commencer à discuter avec d’autres touristes pour se rendre compte au bout de 5 minutes que finalement on n’a pas très envie de continuer à leur faire la conversation.
  • Constater qu’on est en train d’enfiler son dernier slip et devoir mettre une lessive en priorité pour de sa journée, alors qu’on avait envie de faire tout à fait autre chose.


Toutes ces petites joies et frustrations qui nous manqueront sans doute dans quelques semaines, alors qu’on en aura retrouvé de nouvelles. Beaucoup d’autres choses nous manquerons probablement d’ailleurs. Mais on sait sait aussi que plus la liste sera grande, plus celle des bons souvenirs le sera aussi. Alors on se dit tant mieux.


Et puis on l’avoue, le retour a un petit coté stressant. Est-ce qu’on va se réadapter aux routines du monde normal ? Est-ce que la vie nous paraîtra toujours aussi palpitante ? Les activités toujours aussi chouettes ? Est-ce qu’on aura tous les jours le courage de se lever pour aller travailler, de se réjouir des week-ends. Est-ce que des vacances de deux semaines ne vont pas nous paraître d’une durée dérisoire.


Puis on se rappelle un constat qu’on a pu faire à plusieurs reprises durant ce voyage. Quand on a quitté notre monde de voyage asiatique en sac à dos pour passer à un van australien, la transition s’est fait tellement naturellement. Et quand on a repris les sacs sur notre dos pour partir à la découverte de l’Amérique du Sud, idem. A chaque fois, l’excitation de la nouvelle étape, du nouveau projet a pris le dessus sur la nostalgie de ce qui se terminait. Et une chose est sure, des projets on en a encore plein la tête pour l’étape suivante, celle du retour. Alors au fond pourquoi se tracasser, quand on sait qu’ensemble, après ces 12 mois de voyage, on avance avec enthousiasme, certes en jetant de temps en temps des coups d’œil en arrière, mais certainement pas en reculant. Quand on sait que si l’un de nous a un peu trop envie de faire du sur-place, l’autre sera là pour le prendre par la main et avancer.


Alors on n’est pas triste que ça se termine, mais heureux que ça ait eu lieu ...