Et voilà. L’Asie, c’est fini. On s’était beaucoup projeté dans ce voyage. Ce que ça ferait de quitter la Belgique. Ce que ça ferait de découvrir de superbes paysages. Ce que ça ferait de faire de nouvelles rencontres, de dormir dans des hôtels, de sentir nos sacs sur nos dos … Mais une chose à laquelle on avait pas trop pensé, c’est à ce que ça ferait quand ça se terminerait. Et pourtant on y est, on tourne la page sur le premier chapitre de notre périple.


Les dernières semaines ont été particulières. On a commencé petit à petit à se réjouir de ce changement de mode de vie, non sans un certain sentiment de culpabilité. « Mais on est sur quelle planète, nous direz-vous, de quoi vous plaignez-vous ? » Et bien on avoue, les hôtels et guesthouses à répétition, le sac à dos qu’il faut faire et défaire tous les deux/trois jours, les trajets en bus, l’absence d’un « chez nous », ça use un peu à la fin. Le plaisir de voyager est bien entendu toujours là. Mais il faut aussi bien avouer qu’au bout de trois mois et demi de voyage et en quittant le Cambodge, où l’on avait pas fait grand chose (pour rappel le pays était presque mort à cause du nouvel an khmer, il y faisait torride, et on avait pu goûter à la joie d’une colocation chez Aude et Valentine), il nous a fallu un peu de courage pour nous lancer dans la Malaisie. On n'a toutefois pas été déçus ! La Malaisie, de notre point de vue plus « occidentalisée » que ses voisins, nous a plu énormément ! On s’est alors retrouvés dans un nouvel état d’esprit : il faut profiter de ces deux dernières semaines sur le continent asiatique, parce que notre voyage changera complètement de visage lors du second chapitre, on a nommé « l’Australie mon amie ».


Et puis est venu le moment M où il a fallu aller prendre l’avion. Et là tout d’un coup, face à l’inconnue qui nous attendait à l’atterrissage, on s’est dit que notre chère Asie allait bien nous manquer. Que finalement c’était bien confortable, de plus ou moins toujours savoir à quoi s’attendre d’une ville à une autre, et même d’un pays à un autre. On s’est rendu compte de toutes ces petites « routines » qu’on s’était créées lors des quatre derniers mois. Parce que, sans prétention aucune soyons clairs, on est quand-même devenus des pros dans l’art de : faire nos sacs en moins de temps qu’il faut pour le dire ; faire passer Horace gratos en douce dans les transports en commun ; dormir dans un bus conduit par un chauffeur fou et capable de conduire de 23h37 à 4h42 sans faire de pause pipi (et nous aussi du coup) et surtout sans s’endormir sur son volant ; manger des œufs matin, midi et soir sans qu’ils nous sortent par les oreilles (allez on vous donnent notre truc, les boules quies) ; décliner un 127ème tuk-tuk sur la journée sans lui dévisser la tête ; ou encore s’émerveiller devant un bouddha quand il n’y a que ça à voir à 50km à la ronde.


Alors pour se rassurer (parce Fanny n’a franchement pas besoin d’un dose supplémentaire de stress quand il s’agit de prendre l’avion, les phalanges de Benoit pourront en témoigner), on s’est dit que finalement, ça n’était pas une première. Se plonger dans l’inconnue, on l’avait déjà fait, il y a quatre mois, quand à l’aube de cette nouvelle année, on avait dit au revoir (encore et encore) à Caroline et Xavier venus nous conduire à l’aéroport, et on était parti en direction des portes d’embarquement de l’aéroport d’Amsterdam, en se tenant très fort par la main pour oublier notre appréhension.


Et nous y voilà, au pays des kangourous. Après une nuit à l’aéroport de Perth (ah ben oui ce n’est plus le même budget les hôtels ici, sans compter la course en taxi pour s’y rendre. Pour le même montant on vivait pendant trois jours en Asie), on arrive chez Ryan, notre hôte de couchsurfing qui nous accueille chaleureusement avec un « hug » et un quasi incompréhensible accent australien. Le clou de la journée ? Sur les deux kilomètres qui séparent l’arrêt de bus à la maison de Ryan, que l’on parcourt au petit matin, on entend soudain un cri et on voit débouler sur nous une blonde avec un grand sourire aux lèvres. Il s’agit de Nelle, amie Cointoise de Benoit, qui passait par hasard par cette rue du quartier chinois de Perth pour aller prendre son train. On avait croisé 15 personnes en chemin, à 8h30 du matin. Dont Nelle… On a échangé quelques nouvelles et on est repartis chacun de notre coté. Sidérés que ça soit arrivé.


C’est le sourire aux lèvres que nous nous endormirons ce soir-là, convaincus que nous avons une nouvelle fois fait le bon choix en nous plongeant dans l’inconnue australienne, et sans nous douter des galères à venir. Mais pour ça, rendez-vous au prochain chapitre ...