On vous a déjà fourni quelques éléments concernant notre début de périple australien dans le précédent article. De quoi vous mettre l'eau à la bouche. Voici enfin le récit plus approfondi de notre première quinzaine australienne.


Retour en arrière, il y a 15 jours, le samedi 5 mai.


On atterri à 00h30 à Perth. Mais comme le bus pour aller au centre-ville ne roule pas de nuit, on décide de passer la nuit dans un coin de l'aéroport. Après la douane, et le fameux contrôle des sacs (ils sont très stricts en Australie, ils ont peur des bactéries et larves qui pourraient porter atteinte à leur écosystème), on se trouve un endroit à l'écart où l'on déplie nos matelas et sacs de couchage, qu'on trimballe depuis 4 mois pour un usage limité. C'est l'occasion de s'en servir, sous ces gros néons. Autant vous dire ce ne fut pas notre meilleure nuit.


Le lendemain matin, comme déjà évoqué, on se rend chez notre hôte de couchsurfing, Ryan (pour ceux qui ne suivent pas, le couchsurfing est un site - une application maintenant aussi - qui permet aux voyageurs de demander un peu d'espace chez un hôte pour passer la nuit, gratuitement). On croise donc Nelle en chemin, ce qui "fera notre journée".


Le lendemain, les choses s'enchainent assez bien, puisque Fanny repère une offre de van sur Internet. A 14h30, on a rendez-vous pour le voir, et le tester, et à 15h30, l'affaire est pliée. Enfin, on s'est porté acquéreurs. Mais c'est toujours quand t'as besoin de ta banque qu'elle te lâche, et donc le temps de régler la question des virements, Benoit laisse son passeport en dépôt chez les amis australiens des vendeurs français, et on repart avec le van chez Ryan, en espérant avoir bien placé nos billes.


Le van, un Kia Pregio, a 400 000 km au compteur. C'est pas sa meilleure qualité. Il a une vitesse de croisière de 77 km/heure, ce qui nous oblige à prendre notre temps. Parfait, on n'est pas pressé. Mais il a un lit très confortable, avec possibilité pour les grands de faire dépasser leurs pieds, et plein de couvertures bien chaudes pour survivre à l'automne puis à l'hiver. Il a une cuisinière au gaz, un petit banc, un frigo/glacière, est équipé avec du matériel de camping, possède de beaux espaces de rangement, un réseau électrique épatant, mais dont on n'a pas encore compris l'utilité puisque rien n'est branché (et que nos connaissances en électricité se limitent à changer les piles de nos lampes de poche), un four et un appareil à croques-monsieurs, à nouveau bien inutiles jusqu'ici, mais sait-on jamais et il était vendu à un prix abordable.


Le gros problème, on s'en est rendu compte le lundi matin.


C'est l'immatriculation (prononcez REGO - le terme désignant l'immatriculation ici - devant un PVTistes et il frémira d'horreur). Celle-ci a été faite en South-Australia, et on est en Western-Australia. Or les législations ne sont pas unifiées, chaque Etat fixant ses propres règles. Les Français qui nous ont vendu le van nous avaient - de bonne foi pense-t-on - affirmé qu'on pouvait transférer l'immatriculation à notre nom par voie postale. C'était correct, sauf que ça ne marchait que pour les Australiens (en gros). Nous, comme on n'avait pas de numéro de permis à renseigner, ni d'adresse légale, ni rien, on devait se rendre sur place. Ca a été la mauvaise nouvelle du jour, on aurait dû mieux se renseigner avant l'achat. Si on revient en Australie acheter un van, on ne refera pas l'erreur...


Bon, à tout problème, sa solution.


Plan A, créer une nouvelle immatriculation en West-Australia. Pour ça, il faut :

  • faire installer un anti-démarreur (condition nécessaire mais non suffisante) pour
  • passer le contrôle technique pour
  • aller à l'Administration créer nos plaques à notre nom et payer.


On va donc dans un garage pour remplir l'étape 1 (et la payer !), puis on prend rendez-vous pour le contrôle technique mais celui-ci ne peut avoir lieu que 4 jours après. On vit dans notre van et on en profite pour un peu visiter Perth et ses alentours. Mais le sentiment est plutôt celui de tourner en rond en attendant ses résultats d'examen. On ne se sort pas tout à fait ce souci de la tête.


Enfin, le vendredi matin, on amène le van au contrôle, mais - pas de bol (on ne fait pas durer le suspens plus longtemps) - il ne le passe pas. Pour des broutilles, heureusement, car rien ne laisse penser qu'on ne peut pas prendre la route avec. Mais nous voilà bien dépités. Certes le mise en place de l'anti-démarreur et le contrôle technique ont déjà engendré des frais, mais on n'a pas envie d'en engendrer encore plus pour réparer la fissure dans notre garde-boue arrière gauche ou pour rectifier la teinte de notre phare avant droit qui n'est pas tout à fait la bonne. Sans compter le second passage au contrôle technique ...


Heureusement, on a un Plan B.


Il faut retourner en South-Australia pour transférer les plaques à notre nom. Là, pas de contrôle technique. Juste se montrer, prouver son identité, et une adresse dans l'Etat (on y reviendra), et payer. En principe... Si on a bien compris ce que disait le site Internet... Ce qu'on espère vivement, car nous voilà partis pour un road trip de 2500 km vers la première ville où l'on peut faire la démarche, soit Port Lincoln. Il nous reste exactement 7 jours pour finaliser la procédure.


En partant le vendredi après-midi, on parcourra la distance en 5 jours et demi. Entre Perth et Port Lincoln, il n'y a rien ! Juste une route rectiligne, et des paysages vierges à couper le souffle. Le Nullarbor, c'est une espèce de toundra, plat, et infini. Tous les 150 km, on y trouve une station-essence, et un motel. C'est tout. Ce road trip aura été une super expérience. Elle nous aura permis :

  • de nous familiariser avec Regio, le van, qui s'il n'est pas une fusée, fait le job comme il faut ;
  • de découvrir ce qu'était la piste australienne. Pour rallier la route du Nullarbor, depuis la Wave Rock, on s'est tapé 250 km de piste, ce qui a recouvert tout notre intérieur d'une fine pellicule de poussière rouge ;
  • de visiter le temps d'une brève pause, la Wave Rock susmentionnée, curiosité géologique ;
  • de voir nos premiers animaux - beaucoup morts le long de la route (kangourous par dizaines, mais aussi un dromadaires) - mais aussi vivants : 2 kangourous, beaucoup de rapaces charognards, 2 dingos,... On a essayé de voir des baleines, mais c'était trop tôt dans la saison ;
  • de franchir la plus longue ligne droite d'Australie : 145 kms ;
  • de profiter de paysages à perte de vue, d'admirer les couchers de soleil aux couleurs explosives, et des ciels étoilés comme ça faisait longtemps qu'on n'en avait pas vu (sans grande ours, c'était la première fois) ;
  • d'oublier nos tracas administratifs.


Le mercredi soir, on débarque chez un hôte couchsurfing à Port Lincoln, un peu tristes que la route soit finie, et un peu stressés de la procédure administrative du lendemain. La question de prouver son adresse en South-Australia nous tracasse. On bidouille, comme les Français qui nous ont vendu le van l'avaient fait, une fausse facture d'électricité à notre nom et "adresse" (c'était passé pour eux, pourquoi pas pour nous ?!). Mais on n'espère ne pas devoir la sortir.


Finalement, le lendemain - et à nouveau on ne fait pas durer le suspens trop longtemps - tout se passera bien, même si ça a pris un peu de temps, et qu'on a dû affronter la chef de service qui nous a posé un tas de questions auxquelles on a répondu le plus vaguement du monde. Pas de facture à montrer, juste une adresse à donner - et là on est contents d'avoir eu un hôte en ville. Le van est à nous.


L'aventure peut vraiment commencer, même si on en a déjà eu un fameux aperçu avec le Nullarbor.


Dans les fun facts :

  • Au contrôle des sacs, lorsque l'employée demande pourquoi on a déclaré transporter des objets en bois, on ouvre le sac de Benoit pour montrer la lampe (oui oui, nous transportons une lampe...) achetée en Thaïlande, et la louche-noix-de-coco achetée en Malaisie. Pas une seule seconde, ni elle, ni nous, ne pensons que le ukulélé, qui dépasse de partout du sac, est en bois et doit aussi être signalé.
  • Histoire de fêter l'accomplissement de toutes démarches administratives, on s'est offert une nuit dans un parc où il était possible de voir des koalas. On arrive tard, il fait déjà noir et on déballe nos affaires pour cuisiner. Alors qu'on passe à table, on entend un bruit dans les fourrés, et on voit apparaitre à 2m de notre table Jean-Jacques, notre nouvel ami koala qui semble vouloir partager son souper avec nous, et profiter de la chaleur de notre feu de camp. Il restera là à manger ses feuilles d'eucaliptus tout au long de notre souper ...
  • Les douches étant difficiles d'accès lorsqu'on est backpacker en Australie (et qu'on dort dans les campings gratuits avec installations minimalistes), on doit redoubler de créativité pour trouver de quoi se laver. Une des solutions ? Les piscines ! On a testé une fois, on est conquis. on s'offre en plus une petite séance de remise en forme aquatique par la même occasion. On vous rassure quand-même, on se rince plus que consciencieusement avant de rentrer dans l'eau !
  • Après 4 mois de voyage en Asie du Sud-Est, on trouvait que notre anglais était pas trop mal, à force de discuter avec des gens de tous horizons ... Mais ça, c'était avant de rencontrer les australiens ...