En direct de Malacca (Melaka, en malais), on fête le travail (c'était hier, mais c'est long d'écrire un article). Enfin, pour nous, le travail parait loin, donc on constate seulement que c'est un long WE pour les gens plus sérieux que nous, et qu'ils en profitent.


En effet, nous sommes en Malaisie, et ici, on sent à plusieurs niveaux qu'on a quitté l'Asie du Sud-Est pour un pays beaucoup plus "occidentalisé". On se sent beaucoup plus dans un fonctionnement comme chez nous. Kuala Lumpur est une ville ultra-développée, avec un centre de gratte-ciels, des autoroutes à s'y perdre, un réseau de métro poussé, et une politique en faveur des cyclistes en plein développement - ce qui montre que, hiérarchiquement parlant, d'autres chantiers sont clôturés ou bien avancés. C'est donc une mégapole, avec ses beaux quartiers et ses quartiers plus miséreux, mais dans l'ensemble très à la pointe (de surcroit, l'impression en est décuplée en arrivant directement de Phnom Penh).


Au-delà de KL, le pays est clairement en avance sur ses voisins. Des autoroutes qui fonctionnent bien, des transports en commun généralement bien organisés et, c'est là qu'on voulait en venir en parlant de la fête du travail, une classe moyenne qui semble vivre tranquillement, et qui profite d'un WE prolongé pour faire une escapade.


Le contraste avec les autres pays est aussi marqué par le fait que la Malaisie est majoritairement musulmane, mais possède aussi une forte communauté indienne, et une autre chinoise. On a donc retrouvé la nourriture indienne, cinquante jour après l'avoir quittée (bon OK, on n'était pas enjoué mais ça nous a rappelé de bons souvenirs). On a aussi retrouvé des gens qui nous demandent pour prendre des photos avec nous. Ni l'un ni l'autre ne nous avaient particulièrement manqué.


Dans l'ensemble, le pays nous a terriblement séduit, par la gentillesse de ses habitants, par le fait de ne pas être perçu comme un distributeur à billets, mais comme un visiteur intéressé par le pays (le niveau de vie des locaux joue en partie, à notre sens), par ses infrastructures (dont les trottoirs - qui aurait cru que la présence de trottoirs puisse être un critère de bien-être dans notre vie), par sa température plus supportable, par son relief, par ses points touristiques très sympas (voir plus bas), et par sa rupture avec ce qu'on a vécu jusqu'ici.


Mais revenons un peu en arrière. Clôturons l'étape du Cambodge d'abord :


Nous sommes donc restés 6 jours dans l'appartement d'Aude, Valentine et Lorraine, qui nous ont gentiment accueillis. On a aimé vivre le temps de quelques jours la vie d'expatriés, et aussi trouver un refuge dans cette chaleur insupportable. Du coup, la productivité "visite" a un peu baissé, mais on s'est quand même mis une force pour aller visiter le musée du génocide, et le palais royal.


Un petit mot ici pour vous faire un petit rappel du contexte du génocide - si comme nous, les atrocités commises par Pol Pot & Cie sonnaient comme quelque chose de terrible mais de bien lointain, et vous faire part de notre ressenti après la visite du musée dédié à ce drame.


En visitant le musée de la guerre de Siem Reap, et en lisant un peu sur le conflit, celui-ci nous a paru très complexe. Les choses se sont un peu éclaircies en écoutant le guide audio du musée. À la complexité du conflit s'ajoute une absurdité effarante. Dans les grosses lignes, ça donne ceci :

  • Dans un climat politique très troublé, les Khmers rouges, mouvement communiste cambodgien, s'emparent du pays. Cela se fait progressivement, mais le point d'orgue est la prise de Phnom Penh en 1975. Les Khmers rouges sont accueillis en grande partie comme des libérateurs, le régime alors en place étant soutenu par les Américains, qui bombardent tant et plus le Cambodge dans sa guerre contre les Vietnamiens communistes.
  • Les Khmers rouges rêvent d'un état communiste où seule la force agricole est reconnue. Travailler la terre pour se nourrir, et c'est tout. Les élites sont par définition des parasites au projet. Le concept de ville aussi, puisque le but est de travailler aux champs. Du coup, Phnom Penh est vidée manu militari, et débute un exode meurtrier vers les campagnes.
  • Le musée, appelé S21, est un ancien lycée, transformé en camp de détention, et dont le but absurde est d'y accueillir des prisonniers "opposants" au régime. À "l'Organisation". Comme l'Organisation ne se trompe jamais, tout prisonnier est coupable, et Duch, le directeur de l'établissement, avait pour mission de faire avouer son crime à chaque prisonnier, ainsi que le nom de ses complices, avant de le faire exécuter. Tout est absurde dans le procédé. Une phase de torture était mise en place, afin d'obtenir des "aveux" (bien que ces prisonniers n'avaient rien à avouer), comme pour justifier le fait de liquider toute opposition, mais il n'y avait par ailleurs aucun procès instruit. Cyniquement, on se demande, quitte à faire le vide, pourquoi s'infliger une telle procédure si ce n'est par sadisme. 12 à 20 000 personnes ont transité par S21, dans des conditions inhumaines. Il y avait à peu près 190 camps de la sorte dans le pays !
  • Le régime Khmer rouge était paranoïaque, et beaucoup de membres de l'Organisation se sont retrouvés eux-mêmes prisonniers de S21.
  • Phnom Penh, puis tout le pays, ont été libérés par les forces vietnamiennes, en 1979. Ce qui a conduit le monde occidental à reconnaître, au sein de l'ONU, durant toutes les années 80 et le début des années 90, Pol Pot et sa clique de dégénérés comme le gouvernement légitime du Cambodge !!! C'est effarant à lire, et on ne peut qu'être interloqué devant les erreurs de politique étrangère qui se répètent avec le temps (et on pense évidemment aux situations actuelles, comme le marasme syrien, pour ne citer que lui).
  • Pol Pot est mort dans les années 90. Seuls trois autres représentants du régime Khmer rouge ont été jugés, il y a seulement quelques années, dont Duch.


Voila donc très sommairement un rappel des faits, parsemés de quelques réflexions personnelles. Le musée est bien fait, très instructif sans être trop "glauque". Une bonne leçon d'histoire, en espérant que cela touche le plus grand nombre.


Ensuite, ça a été la Malaisie, largement introduite plus haut. En vrac, les derniers jours ont consisté :

  • À faire un tour de KL, notamment pour voir les fameuses tours jumelles de Petronas ;
  • À se balader dans la jungle, les plantations de thé, de fraise, et ladite "forêt de mousse" des Cameron Highlands, chaine de montagnes située au centre du pays ;
  • À visiter George Town, sur l’île de Penang, et notamment profiter des quelques fresques de street-art tout à fait charmantes ;
  • À faire du snorkeling, et de la glandouille, sur l'île de Kapas, sur la côte est. Si ce n'est pas le paradis sur terre, ça s'en rapprochait franchement. On a eu du mal a quitter l'endroit (l'île, ou le logement plein de gens très gentils ? Sans doute les deux) ;
  • À découvrir l'ancienne ville coloniale de Malacca, où nous sommes actuellement ;
  • À écumer les malls dans chaque ville visitée, pour racheter ce dont on manque avant l'Australie, à moindre coût, et pour soit trouver un peu de fraicheur, soit se protéger de la pluie qu'on a retrouvée plus franchement ici.


Et pour ne pas changer nos habitudes, nos coups de cœur sont :

  • La tranquillité de KL ;
  • La "forêt de mousse" des Cameron Highlands. On est dans la brume, au sommet de la montagne, on voit du blanc à gauche, à droite. On se promène dans une ambiance enchanteresse, en se disant qu'on va tomber à tout moment sur un Hobbit ou une autre créature mystérieuse. C'est très encadré et assez touristique, mais le contexte de la matinée où l'on la visitée en a fait un coup de cœur ;
  • L'ambiance détendue de l'île de Kapas. A nouveau, le contexte de découverte a joué. Après un long trajet de nuit en bus, et un second trajet de bus local pour être déposé près de la côte, on sort de celui-ci sous une drache nationale (en tant que Belges, on pensait savoir ce qu'était une bonne drache, mais non ...). On prend un fast-boat qui bondit sur les vagues, et à chaque impact post "saut", notre colonne vertébrale se tasse un peu plus. On est trempé des vagues et de la pluie qui nous fouettent de tous côtés (mais surtout de devant), et on débarque les pieds dans l'eau (pas de jetée) sur une île sans wifi, et sur laquelle on n'est pas sûr de trouver un logement. On avait envisagé d'y camper, mais vu la météo, on pense au plan B. Puis tout s'est bien agencé. On a trouvé une chambre pour un prix dérisoire, dans un établissement plein de gens sympathiques. Le soleil est définitivement revenu. On a pu jouer, lire, faire du snorkeling, de la baignade, bien manger pour pas cher. Du coup, on y est resté 3 nuits, 4 jours plein, et on a dû se forcer pour quitter le paradis.


Dans les fun facts et autres éléments pouvant vous intéresser :

  • Il fallait bien que ça arrive une fois, à peine arrivés à notre hôtel de Siem Reap, Benoit a enfermé la clef de notre chambre dans la chambre (la poignée possédait un petit bouton permettant de mettre le verrou avant de sortir). Il avait embarqué la clef du cadenas des vélos au lieu de celle de notre chambre. Comme c'était pour aller faire un plongeon, il a dû redescendre à la réception, dans son petit maillot, pour obtenir de l'aide.
  • A Phnom Penh, en plein nouvel an, tout est vide, tout est fermé. Du coup, on cherche comme on peut un endroit ou manger, et où sortir. Ça sera finalement un bar/resto...belge. Mais question budget, on mangera et boira local, malgré la grande liste de bières spéciales, qui ne nous manquent pas tant que ça.
  • Comme on vous l'a dit, on n'a pas fait grand chose à Phnom Penh, à cause de la chaleur et du nouvel an khmer paralysant la ville. Ce qu'on ne vous a pas encore dit, c'est que le premier jour où on avait prévu de faire une visite, on a finalement glandouillé à l'appartement, pour récupérer de notre guindaille de la veille. On perd le rythme.
  • On retrouve, avec la Malaisie, le plaisir de voir des Indiens avec les cheveux et la barbe oranges. Coquetterie au henné.
  • A KL, et en Malaisie en général, on change de météo. Ici, il pleut. Du coup, comme on ne savait plus vraiment ce que c'était, on n'a pas anticipé lors de notre balade citadine. Et c'est au plus loin de notre hôtel qu'il s'est mis à pleuvoir. Grosse erreur à ne pas faire, et que nous avons commise, c'est d'attendre que ça passe... Et là ça redouble. Finalement, on brave la pluie pour rentrer à l'hôtel. C'est toujours là que tu tentes un raccourci qui se révèle voie sans issue, et que tu dois rebrousser chemin sur 500 m pour retrouver la bonne route... On a compris, et on prend les K-way dorénavant.
  • Pour aller aux Cameron Highlands, on prend un bus conduit par quelqu'un qui ressemble furieusement à Ray Charles. Mêmes lunettes, même manière de s'agiter (non pas sur son piano, mais sur son volant). En plus, il klaxonne à tout va, dans le vide nous semble-t-il (en fait, à tout véhicule plus gros qu'une voiture, qu'il soit en contresens ou qu'il dépasse, et à tout groupe de plus d'une personne en bord de route. Eh oui, les relations, ça s'entretient). On arrivera malgré tout vivant.
  • Le nom de Jim Thompson vous dit-il quelque chose ? Nous vous avions parlé de lui car nous avions visité sa maison en Thailande, aujourd’hui transformée en musée. Pour rappel, le brave homme avait relancé le commerce de la soie dans le pays et avait mystérieusement disparu lors d'un séjour chez des amis en ... Malaisie, dans les Cameron Highlangs. On a eu beau parcourir la jungle lors de notre matinée de trek, on ne l'a pas croisé ...
  • Il fait chaud en Malaisie, vraiment très chaud. Mais il fait aussi très humide, si bien que lorsqu'on mettait nos maillot sécher sur une corde devant notre bungalow sur l'ile de Kapas durant la nuit, ils n'étaient pas secs le lendemain matin alors que la température devait avoisiner les 24°C.
  • Le snorkeling amène à chaque fois ses nouvelles sensations. L'avant-dernière en date, c'est la connaissance avec les méduses. Et oui, on avait oublié que ça existait ces bébêtes. Et la dernière, c'est une attaque en bonne et due forme par une petit poisson qui protégeait son territoire. On n'était pas exactement au même endroit, mais on s'est fait mordre en même temps. C'est un peu flippant, car on n'est pas très habitué au monde sous-marin. Mais ça s'est révélé très bénin.
  • Vous l'aurez compris, les malls sont devenus un lieu de choix pour nous,h histoire de ne pas fondre au soleil. Mais qu'est-ce qui nous y amenait ? Fanny avait besoin d'un short, Benoit d'une nouvelle paire de chaussures. Résultat, Fanny a acheté...un pantalon et un t-shirt avant de finalement trouver son short. Et Benoit se retrouve avec un nouveau short et des slips flabants neufs mais pas de chaussures.
  • Arrivés à Malacca, on trouve du WI-FI gratuit sur la place centrale. Chouette, parce que tous les restos alentours sont encore fermés, a-t-on pu constater, après avoir fait un petit tour de l'endroit (avec tout notre barda). On réserve une chambre pour le soir, à 600 m de là. On tente notre chance pour déjà y déposer les sacs. C'est fermé. On cherche mieux un resto (il est déjà un peu moins tôt), ce qui nous ramène sur la place principale. On trouve. Après déjeuner, on retente notre chance à l'hôtel réservé. Toujours fermé. On retourne à la place (zone WI-FI) pour réserver autre chose. On trouve...juste à côté du précédent. C'est reparti pour le même chemin. On aura visité la ville vide sacs au dos. Finalement, est-ce que ça vaut la peine de prendre un hôtel ? On pourrait déjà sauter dans un bus pour l'étape suivante.