« La moitié ? Quoi ? Déjà ? Mais non … » Une chose est sûre, on n’a pas du tout le sentiment d’être partis depuis si longtemps. « Mais enfin, on est arrivés hier en Australie, et la semaine dernière en Inde. Sans compter qu’on part demain pour le Chili ! »


C’est comme si ce mode de vie avait toujours été le nôtre. Les efforts des premières semaines nous semblent loin, et voyager est aujourd’hui notre quotidien. Cela nous semble le plus naturel du monde !


Il faut dire, l’Australie, malgré qu’on y vive dans un van, c’est le grand confort. C’est propre presque partout (les abords des routes et des aires de camping sont malheureusement parfois la poubelle de quelques mauvais touristes, mais cela n’a rien à voir avec l’Inde ou le Cambodge), il y a des toilettes partout (pour le plus grand bonheur de Fanny), de l’eau accessible, souvent des douches (parfois gratuites), et des supermarchés bien éparpillés. L’adaptation à l’Inde est donc une histoire ancienne, et ne subsistent que les bons souvenirs de notre périple asiatique. Cela renforce du coup notre sentiment de confort dans la poursuite de notre voyage.


Puis quand on y réfléchit bien, on réalise aussi que cette façon de vivre est devenue notre routine… La vie de Liégeois est bel et bien mise entre parenthèses. Car même si on se réjouit diablement (héhé) de retrouver certains aspects de la Belgique, on évite de penser aux délicieux soupers « entrée-plat-dessert » de chez papa-maman, au(x) verre(s) du mercredi, à la pizza d’alla Grappa, à la Batte et ses poulets rôtis, aux après-quatre-heures dans un parc, qui se prolongent jusqu’à la tombée de la nuit, qui arrive seulement vers 22h, aux soupers ou joggings entre copin(e)s, etc. Entendons-nous bien, on se réjouit de retrouver tout ça (et là, ça va nous faire mal de rentrer en plein hivers), mais la plupart du temps, on est trop actifs pour y penser, dans notre routine de tous les jours. Et même quand on y pense (oui bon ok ça nous arrive parfois), on se dit que sûr assez tôt, on sera de retour, et qu’on regardera dans le rétroviseur avec regret le soleil permanent, la vie de baroudeurs sacs au dos, la liberté du van dans les immenses étendues naturelles de l’Australie, le plaisir de vivre au jour le jour, la beauté des sites visités, et – soyons francs – la glandouille.


Cette vie de routine n’est pas pour autant exempte d’adaptation quotidienne. Adaptation des projets futurs, de la façon de s’organiser, de vivre avec l’autre pour éviter les tensions, d’appréhender le monde qui nous entoure … On se dit sans cesse « La prochaine fois on pensera à faire plutôt comme ça » ou bien « Ah oui tient, c’est une bonne idée, on y avait pas encore pensé ». Rien n’est acquis et on se remet sans cesse en question, sans même s’en rendre compte… Dans l’absolu, on s’en sort bien. On forme plus que jamais un duo de choc, chacun avec ses apports constructifs au périple, et on envisage vraiment avec bonheur les six prochains mois. Toutes ces adaptations font parties du jeu et ce challenge ne nous donne qu’une seule envie : continuer !


Alors c’est certain, on se réjouit des 6 prochains mois ! De la côte est australienne, des paysages néo-zélandais, des retrouvailles que nous promet l’Amérique du Sud … Malgré l’expérience de backpackers qui s’accumule, rien ne nous paraît encore acquis. L’appréhension est peut-être moindre, mais on sait qu’il faudra fournir de nouveaux efforts pour sortir à nouveau de sa zone de confort – on s’en est recréé une belle avec Regio – et que chaque destination amène avec elle son lot de nouveautés, de merveilles, de découvertes riches, et de « WOAW », « Oh ! » et « Haaa ! ».


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Voyager nous apporte la certitude de plus en plus grande que nous sommes capables d’affronter l’inconnue qui se présente face à nous. Nous ne sommes jamais préparés à ce qui arrive, mais cependant toujours prêts.

Voyager nous amène à toujours vouloir découvrir plus, tout en ayant conscience que c’est en prenant notre temps que le voyage sera le plus enrichissant.

Voyager nous pousse à nous dépasser en tout point, tout en nous apprenant à mieux cerner nos limites.

Voyager nous donne l’occasion de rencontrer, de nous tourner vers les autres et de faire des premiers pas pas toujours évidents, tout en enrichissant notre couple, et même notre « je ».

Voyager nous libère l’esprit des tracas de la vie en Belgique, tout en nous faisant réfléchir aux choses que nous souhaitons améliorer dans celle-ci à notre retour.

Voyager nous sépare de ceux que nous aimons, et pourtant nous nous sentons plus proches que jamais d’eux.

Voyager est devenu comme une évidence, tout en nous confortant dans celle que notre vie est en Belgique.

Voyager, c’est rêver, tout en gardant les pieds sur terre.

Voyager n’est pas un terme que l’on peut définir au dictionnaire, car il possède une signification et un mode de réalisation différents pour chacun ...