On vous avait laissé à la fin de nos soucis administratifs à Port Lincoln, et un souper partagé avec Jean-Jacques le koala (lui : de l’eucalyptus, nous : de l’agneau, chacun son menu). On vous retrouve ici, à Alice Springs, après avoir :

  • visité Adélaïde et ses musées (gratuits, faut pas déconner) dans la grisaille ;
  • campé à plusieurs endroits en bord de mer, souvent sous un vent terrible, et avoir rencontré Dough, "tenancier" de l’un d’entre eux, vieux bourlingueur et personnage très intéressant et plein de bons conseils ;
  • visité Coober Pedy et ses mines d’opales ;
  • visité le parc national d’Uluru et Kata Tjuta ;
  • fait une belle randonnée au Kings Canyon.


Le changement de rythme par rapport à l’Asie continue de nous plaire. On se sent vraiment sans pression, et on vit très bien cette formule au jour le jour. Le fait de savoir qu’on a un lit pour dormir le soir (même si on ne sait pas à l’avance où on garera le van) est plutôt confortable (et on a à nouveau l'impression d'avoir un "chez nous"). Abstraction faite de la crainte qu’un pépin technique avec le moteur nous arrive, surtout quand on est au milieu de nulle part – et on arrive plus ou moins à ne pas trop y penser – on vit sans stress, et c’est agréable. Le fait aussi de se dire qu’on a énormément de temps pour visiter l’île-continent nous enlève toute pression de rentabilité. On est d’ailleurs tout sauf efficaces dans l’enchaînement des étapes. Mais la destination n’a pas d’importance, c’est le voyage en soi qui l’est.


Les musées d’Adélaïde nous ont permis de découvrir la culture australienne, l’histoire du pays, son immigration, ses difficultés de cohabitation entre les colons et les Aborigènes, et l’on a réalisé à quel point cette histoire était récente. Le colonialisme est une chose qui a, pour nous, toujours fait partie des livres d’Histoire. Mais pour la première fois, on est confronté au colonialisme moderne, qui subsiste encore en quelques endroits du monde (l’Australie et les Aborigènes, les Etats-Unis et les Indiens, certaines colonies françaises,…).


Les Aborigènes occupent l’Australie depuis 40 000 ans. Ils ont eu ensuite une évolution relativement coupée du monde. Avec nos yeux d’Européens, il est toujours interpellant d’observer une culture si différente, et si on est loin d’être experts, on a tout de même été surpris d’en voir un certain nombre errer dans les rues des villes, de voir les problèmes d’alcoolisme auxquels ils sont confrontés, de les voir pieds-nus parfois, avec leurs jambes si fines et leurs regards si noirs. Enfin, on a pris un peu de temps à comprendre que les peintures rupestres, dans les grottes d’Uluru, ne datent pas d’il y a 5000 ans, mais de 90 ans.


L’Australie moderne est récente, les choses s’étant accélérées il y a 100-150 ans. Avant cela, le territoire étant tellement immense que les Aborigènes (qui ont survécu aux maladies importées) ont continué à vivre selon leurs traditions. Mais ensuite, les colons ont voulu intégrer les indigènes à leur société, et ça ne s’est pas très bien passé. Jusque dans les années 70 (!), des enfants ont été retirés de leurs familles pour être élevés en orphelinat par des missionnaires, afin de les « formater » à la société occupante. Ce n’est qu’un des moyens parmi d’autres utilisés, mais il nous a marqué lors de notre visite du musée de l’immigration. Le ressentiment s’en fait encore sentir aujourd’hui. Le résultat est – on imagine, mais on n’a pas les clés pour comprendre – que les politiques marchent sur des œufs pour essayer d’améliorer LENTEMENT la situation.


Un constat des efforts faits par le gouvernement pour faciliter la cohabitation que l’on a néanmoins pu faire (lors de notre seconde grande étape après Adélaïde) est la mise en place du parc national d’Uluru - Kata Tjuta. Connu par les moins jeunes sous le nom d’Ayers Rock et Monts Olga, la propriété a été rendue en 1985 aux Aborigènes, et il est de bon ton de faire référence aux lieux (sacrés) par leurs noms d'origine et non par leur appellation colonialiste.

En échange de la propriété, les Aborigènes ont concédé au gouvernement australien un bail de gestion pour une durée de 99 ans. Et il faut constater que la cohabitation semble plutôt réussie. A nouveau, on n’a presque rien vu du pays, mais c’est le premier endroit où on a eu l’impression que les Aborigènes avaient un droit de parole, et ils s’en sont très bien emparé. Tous les panneaux explicatifs font référence au côté sacré des lieux, aux légendes qui les entourent, au fait qu’il faut respecter l’endroit, ne pas grimper au sommet, ne pas prendre de photos n’importe où etc. Aucune explication géologique des lieux, ni sur l’histoire de sa "découverte occidentale".


Du coup, on a fait quelques recherches pour vous ! Pour rappel, Uluru est une masse rocheuse rouge d’un seul bloc, et Kata Tjuta un site de monts ronds, un peu plus hauts, et plus étendus, situés à 30 km de là.


Au niveau géologique, donc, sachez que l'Uluru est un inselberg se dressant au milieu d'une plainte autrefois recouverte par la mer. Une sorte d'iceberg en fait, aujourd'hui situé au milieu du désert. Sa formation est due au phénomène d'érosion. Au fil du temps, les pluies ont balayé les plus petits rochers et autres gravas se situant aux alentours d'un plus gros bloc, laissant petit à petit apparaitre celui que les aborigènes nommeront plus tard Uluru (pour ceux qui aurait un peu de mal a conceptualiser, on vous conseille cette petite vidéo explicative : https://youtu.be/eEdzXtbtT7I). Et comme pour les icebergs, dont la plus grosse partie se situe sous le niveau de la mer, l'Uluru possède une énorme partie "en sous-sol" ! C'est pareil pour Kata Tjuta.


Enfin, en plus d'être un lieu sacré, lié à de nombreuses croyances pour la population aborigène, ce gros cailloux leur permettait autrefois de survivre. Sa superficie imposante en faisait un collecteur d'eau de pluies très efficace, des petits bassins s'étant formés à sa base. Et ils n'étaient pas les seuls à en profiter, puisqu'on retrouve autour d'Uluru une faune et une flore abondantes (enfin plus abondante que dans le reste du désert), permettant également aux aborigènes de se nourrir.


On a vraiment bien aimé le site. On s’est promené autour d’Uluru, et dans les monts de Kata Tjuta. On a observé le soleil se lever et se coucher sur les sites, donnant une lumière rasante magnifique. On a pris des photos même si dans beaucoup d’endroit il était écrit "zone sensible – ne prenez pas de photos s’il-vous-plaît", parce qu’on s’est dit que c’était un tout petit peu exagéré. Par contre, on a respecté le souhait de ne pas monter dessus, même si Benoit en avait fort fort envie.


Enfin, on a fait une belle balade au Kings Canyon, qui méritait clairement le détour. Au fond du canyon, un véritable jardin d’Eden, comme il est appelé, regorge de verdure et d’animaux qu’on ne pensait pas voir en ses lieux si reculés au milieu du "désert". Et cette fois, nos photos vous raconterons mieux que nous cette excursion ...


Dans les coups de coeur de cette quinzaine, on a aimé :

  • le témoignage par la peinture d’une Aborigène enlevée à sa mère et élevée dans une de ces fameuses missions, au musée de l’immigration d’Adélaïde. Les Aborigènes ont développé un art propres à eux, qui nous plaît pas mal…
  • être hébergé en couchsurfing chez Ian, qui nous a offert à manger et a été très sympathique avec nous. Pour l’anecdote, son profil couchsurfing montrait qu’il adorait faire du vélo itinérant. Benoit a fièrement dit qu’il y a une dizaine d’années, il avait rallié Liège à Nice, et l’année suivante à Venise. Ian a rétorqué, en toute modestie, qu’il avait fait – entre autres – avec sa femme Amsterdam-Istanbul et Amsterdam-Barcelone (en passant par le Mont-Saint-Michel). Voici le lien de son blog, pour ceux qui veulent rêver encore plus : https://bikelele.wordpress.com/ ;
  • se promener dans les Kata Tjuta. Le site est plus impressionnant que son voisin d’Uluru, et il s’en dégage une quiétude incomparable ;
  • pique-niquer au fond du Kings Canyon, et voir enfin une pièce d’eau (pas très grande) depuis l’océan qu’on a quitté 10 jours plus tôt. On est en saison sèche, et tous les lacs, les" rivières", et autres sont asséchés ;
  • regarder les étoiles depuis notre van, emmitouflés dans nos couvertures ;
  • passer des soirées autour d'un bon feu de bois.


Fun facts et autres considérations :

  • En échange de bons procédés, on a cuisiné un waterzooi à Ian, notre hôte couchsurfeur. Il nous a dit que ça lui avait plu, ouf ! ;
  • Dough, le bourlingueur aux bons conseils, a une photo de lui dans le journal, dansant avec un kangourou de 3 mètres ;
  • On est allé deux fois à la piscine. Pour reprendre le sport, mais surtout pour pouvoir se doucher. La première fois, Fanny a dû dire à Benoit : « on nage à gauche en Australie ». On a frôlé l'accident ;
  • On avait vu une quantité incroyable de kangourous morts en bord de route, en WA. Passés la frontière de SA, il n’y avait plus rien, tout était bien nettoyé. Par contre, sur la route du nord, on a vu surtout des voitures abandonnées et toutes cassées (pillées) sur le bord de la route. A chaque État ses cadavres ;
  • On vu des dromadaires, vivants cette fois ;
  • L’essence et le diésel coûtent environ 1,5 dollars du litre dans les villes. Mais c’est monté jusqu’à 2,17 au milieu du Red Centre (Uluru et alentours). Ça fait mal.
  • Sur le chemin, justement lors d’une pompe pas trop chère, on en a profité pour faire le plein. La pompe se bloquait tout le temps et Benoit, pour pouvoir remplir le réservoir, poussait légèrement sur le pistolet afin de diminuer le flux. Résultat, la pompe ne s'est pas bloquée lorsque le réservoir était plein. Les litres défilants, Benoit s'est inquiété et a dit à Fanny « Y a un trou dans le réservoir ou quoi ? » Elle s'est penchée pour regarder en dessous du van, et en effet, de l’essence coulait. Grosse panique, on était au milieu de nulle part et notre van était cassé. On a cherché un peu d’aide, mais après 5 minutes, on n'a plus vu plus de liquide couler. On a donc supposé que le trop plein s’était échappé par un autre trou que celui du pistolet, et que ce n’était rien de sérieux. Résultat : on a fait 100 km de plus avec ce plein-là.
  • Cet article est rédigé pour la seconde fois, internet ayant décidé qu'il n'était pas temps de le publier la première. Au moment de mettre le texte en ligne, il a malheureusement disparu ...
  • On ne sait pas pour vous, mais nous, quand on nous parle de l'Australie, nous on pense directement au soleil. On a quitté le sud où l'hiver s'installait. Mais on ne s'attendait pas à des températures si basses les nuits, descendant parfois en dessous de 0. Et on a encore de la chance, car en journée on tourne autour des 22°C, quand le vent n'est pas trop froid. Vite vite monter vers le nord.
  • On est dans l'hémisphère sud. Du coup, notre grande ours du nord nous manque un peu lors de nos séances d'observation du ciel. Il y a bien un "équivalent" ici (on entend pas là une constellation toujours visible depuis cet hémisphère), la croix du sud. Vous devinez sa forme à son nom, et on peut vous dire qu'elle est bien moins facile à trouver parmi toutes ces étoiles ! Cette constellation apparait sur beaucoup de drapeaux dont celui de l'Australie.